
L'alimentation ultra-transformée
Quel impact sur la santé ?
Les aliments ultra-transformés désignent les produits industriels composés notamment d’additifs : conservateurs, exhausteurs de goût, agents émulsifiants ou texturants… On retrouve dans cette catégorie nombre de céréales du petit déjeuner, des gâteaux, des biscuits apéritifs, des plats préparés, des sauces en conserve ou encore des boissons sucrées.
Alors que les aliments industriels ont pris une place importante dans les régimes modernes, de nouvelles études associent cette nourriture à une augmentation du risque de maladies cardio-vasculaires et de prise de poids.
L'alimentation ultra-transformée désigne les aliments et boissons ayant subi plusieurs étapes de transformation et contenant des ingrédients peu ou pas reconnaissables, tels que des additifs, des conservateurs et des arômes artificiels.
Ces produits, dont la liste indicative est fournie en fin d’article, sont souvent riches en sucres ajoutés, en graisses saturées et en sodium. Ils occupent, selon les estimations, près de la moitié des linéaires des supermarchés. Dans certains pays, comme les Etats-Unis ou le Canada, plus de 50 % des apports énergétiques viennent d’aliments ultra-transformés Ils peuvent avoir des effets néfastes sur la santé.
L’impact de la nourriture ultra-transformée sur la santé
De nombreuses études ont établi un lien entre la consommation régulière d'aliments ultra-transformés et un risque accru de maladies chroniques, notamment l'obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires. En mai 2024, le British Medical Journal (BMJ) a publié une étude menée par une équipe française de recherche en épidémiologie nutritionnelle.
Les résultats ont montré que l’augmentation de la proportion d'aliments ultratransformés dans l'alimentation était associée à un risque plus élevé de maladies cardiovasculaires. Sur un échantillon de 105 000 participants suivis entre 2009 et 2018, une augmentation 10% de la part des aliments ultratransformés dans le régime alimentaire était corrélée à une hausse de 12 % du risque de maladies cardiovasculaires)
Cette même équipe scientifique avait préalablement mis en évidence un lien statistique significatif entre la consommation d’aliments ultratransformés et l'incidence de certains cancers, notamment du sein. Parallèlement, une autre étude publiée dans le même numéro du BMJ, réalisée par une équipe espagnole, a confirmée des travaux antérieurs sur la corrélation entre la consommation d'aliments ultratransformés et le risque de mortalité. Cette étude a porté sur près de 20 000 participants suivis de 1999 à 2014.
Des aliments irrésistibles qui entrainement une consommation excessive
Les aliments ultra-transformés sont généralement conçus pour être particulièrement appétissants, ce qui peut entraîner une consommation excessive sans que les individus en aient conscience. Barres chocolatées, biscuits, plats préparés, nuggets de poulets… La préparation des aliments ultra-transformés nécessite l’utilisation de plusieurs procédés de transformation et d’additifs qui vont modifier leur texture, leur saveur, leur durée de conservation…
De plus, ces produits peuvent altérer la sensation de satiété, déclenchant des fringales et rendant difficile le contrôle du poids. Une étude récente publiée dans Cell Metabolism a démontré que ce type d’alimentation favorise la prise de poids en augmentant l'envie de manger davantage. De plus, ces aliments sont généralement faciles à préparer et rapides à déguster.
Un impact sur le bien-être psychologique selon des études
Sur le plan psychologique, un apport excessif en aliments ultra-transformés peut également nuire au bien-être mental. Certaines recherches suggèrent une corrélation entre une alimentation riche en produits transformés et l'augmentation des symptômes dépressifs et d'anxiété. Les ingrédients artificiels et le manque de nutriments essentiels peuvent affecter la chimie du cerveau et impacter la santé mentale.
L’équipe de Tasnime Akbaraly du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations à Paris, a mis en évident une association significative entre une consommation élevée d’aliments ultra-transformés et le risque de récurrence de symptômes dépressifs. « Cette association est indépendante des facteurs sociodémographiques, des habitudes de vie ou de la santé globale des individus », a déclaré Tasnime Akbaraly. Et de poursuivre : « En outre, nos analyses montrent que la prise en compte de la part des produits ultra-transformés dans l’alimentation conduit à une atténuation substantielle de l’association entre la qualité du régime alimentaire d’un individu et son risque de symptômes dépressif ».
Pour les auteurs, ces résultats soulignent l’importance de porter une attention particulière à la consommation de produits ultra-transformés dans les futures études sur les liens entre alimentation et santé mentale.
Les conséquences sur la santé globale
Par ailleurs, l'augmentation de la consommation d'aliments ultratransformés entraîne une baisse de la qualité générale de l'alimentation, marquée par une consommation réduite de fruits, de légumes et d'autres aliments naturels bénéfiques. Ce phénomène renforce les inégalités en matière de santé, car les groupes socio-économiques défavorisés ont souvent un accès limité à des choix alimentaires sains et nutritifs.
Privilégier une alimentation saine composée d'aliments frais
En conclusion, il est impératif de prendre conscience des risques associés à l'alimentation ultra-transformée. Favoriser une alimentation composée d'aliments frais et non transformés est essentiel pour préserver notre santé à long terme. Une prise de conscience collective et des actions concrètes, tant au niveau individuel que sociétal, sont nécessaires pour encourager des choix alimentaires plus sains et réduire la prévalence des maladies chroniques.
Liste indicative des principaux produits ultra-transformés
Biscuits apéritifs, chips
Soupes instantanées
Sauces type ketchup
Nouilles instantanées
Nuggets de volaille et de poisson, cordon bleu
Viandes fumées, saucisses, jambon
Plats cuisinés congelés
Pizzas, plats prêts à consommer
Poêlées industrielles de légumes
Pains et brioches industriels, pains de mie
Barres chocolatées
Poudres chocolatées (parfois, entre 75 et 85% de sucre)
Céréales du petit déjeuner
Yaourts aux fruits
Desserts aux fruits aromatisés (sucre ajouté, agents texturants, colorants…)
Crèmes glacées
Sodas, boissons sucrées aromatisées, jus de fruits reconstitués
Léa Ouzan